Rapport sur les crimes de haine 2019

En 2019, 66 crimes de haine hostiles aux personnes LGBTQ ont été signalés, soit plus d’un cas par semaine. Dans le même intervalle, le nombre de cas non signalés reste élevé. Ces chiffres montrent que les attaques et les violences envers les personnes LGBTQ restent une réalité au quotidien. Les organisations LGBTQ demandent un plan d’action national comportant des mesures efficaces et coordonnées.

Pour ce 17 mai, journée internationale contre l’homo-, la bi-, l’inter- et la transphobie (IDAHOBIT), les associations LGBT ont publié ses chiffres et son rapport biannuel sur les crimes de haine. Ce rapport évalue les attaques et les discriminations anti-LGBTQ signalées par téléphone ou en ligne. Les chiffres montrent clairement que les crimes de haine contre les lesbiennes, les gays, les personnes bisexuelles, les personnes trans et queer ne sont pas des incidents isolés, mais une réalité quotidienne. Au cours de la période d’enquête entre janvier 2018 et décembre 2019, plus d’un cas par semaine en moyenne a été signalé – avec un pic de plus de 40 cas pendant les mois d’été 2019.

Un tiers des signalements font état de violences physiques causant des commotions, des contusions, des fractures, etc. Parallèlement, seuls 18 % des agressions ont été signalées à la police, et les cas de violence physique n’ont pas tous été signalés. Ces crimes de haine hostiles envers les personnes LGBTQ ont des conséquences: Plus de la moitié des personnes qui ont signalé une attaque ont déclaré avoir souffert de problèmes psychologiques et d’anxiété à cause de cet incident. En plus des victimes directes, il est en outre démontré que ces crimes ont un impact sur toutes les personnes LGBTQ: «Les crimes de haine ont une portée individuelle et collective: ils attaquent directement les individus qui en sont la cible et alimentent un environnement hostile. Un tel contexte peut créer un sentiment d’insécurité et empêcher les personnes d’être elles-mêmes, que ce soit dans la rue ou en famille, à l’école ou au travail.» déclare Caroline Dayer, Docteure et chercheuse, formatrice et consultante.

L’acteur suisse-allemand Erich Vock ne fait pas exception: «Je me sens intimidé et ne me sens plus aussi en sécurité qu’il y a quelques années. Mon mari Hubert et moi avons pris davantage soin à ne pas se montrer d’affection en public. Cela me déprime et c’est vraiment dommage».

Malgré cette effroyable réalité, il y a peu de volonté politique d’agir. Ainsi, en mars dernier, la demande d’un recensement statistique Suisse de ces crimes de haine a été rejetée par le Conseil des États. Cette inaction étatique n’est pas acceptable du point de vu des organisations LGBTQ: «Il est évident qu’en Suisse, nous avons toujours un problème majeur avec les attaques hostiles aux personnes LGBTQ. Ce qu’il faut maintenant, c’est un plan d’action national qui permettra de prendre des mesures efficaces à tous les niveaux. Les politicien_nes ne peuvent plus détourner le regard et laisser les personnes LGBTQ seuls_es à leur sort», exige Roman Heggli, directeur général de Pink Cross.

Le plan d’action national vise à traiter trois domaines prioritaires:

  • Création d’un centre national de recensement de l’hostilité anti-LGBTQ, doté d’une compétence en soutien et conseils professionnels pour les victimes d’attaques contre les personnes LGBTQ. Cette mesure permettrait de connaître les besoins et les dangers et d’ainsi pouvoir mener des actions ciblées.
  • Formation et éducation des forces de l’ordre (police, procureur·e·s et tribunaux) et des autres professionnel·le·s du droit pour signaler et poursuivre les crimes de haine et protéger les victimes.
  • Mandat contraignant pour les écoles afin de former les adultes des établissements scolaires puis de sensibiliser les élèves à la lutte contre l’hostilité envers les personnes LGBTQ. Cela en tant que mesure de prévention à grande échelle et de longue haleine.

Dans la pratique des professionnel_les qui recueillent les témoignages de victimes et qui les aident, l’urgence de l’action se fait sentir: «Mes client_es signalent régulièrement des cas de discrimination et de violence, non seulement de la part de particuliers mais aussi, malheureusement, d’organismes gouvernementaux. De nombreuses personnes trans, y compris des écolier_ères, subissent des attaques massives telles que du mobbing, des abus, des violences physiques ou sexuelles», explique Alecs Recher, qui dirige le conseil juridique de Transgender Network Switzerland (TGNS).

Mais malgré ces incidents effroyables, les organisations LGBTQ appellent à ne pas perdre courage. «Nous ne devons pas nous cacher maintenant, mais continuer à être courageux_euses et visibles! Ensemble, nous allons changer cette société», déclare Muriel Waeger, co-directrice de l’Organisation Lesbienne Suisse (LOS).

Pour obtenir des conseils et un soutien personnalisé, les personnes LGBTQ peuvent contacter la ligne d’assistance téléphonique LGBT+ ou les centres de conseil de TGNS.

Le rapport sur les crimes de haine (en allemand)